La recherche en narratologie

Valerij I. Tiupa (Moscou)

La recherche en narratologie : la France et la Russie

Abstract : Il existe des relations anciennes et profondes, marquées par un intérêt mutuel et une influence réciproque, entre la narratologie russe et la narratologie française. L’importance des travaux narratologiques de Roland Barthes, Tzvetan Todorov, Gérard Genette et, plus tard, Paul Ricœur aussi bien que des travaux de chercheurs contemporains pour les sciences humaines russes est bien connue. D’autre part, les études des formalistes russes, succédées par celles de Mixail Baxtin, Iouri Lotman et Boris Uspenskij, ont influencé la narratologie française. Cet article traite des différences historiques entre la narratologie et la poétique en France et en Russie. Il est constaté qu’en Russie la convergence transnationale des intérêts narratologiques se manifeste par certains points communs entre la poétique analytique russe et de l’analyse du discours française. L’auteur prône une recherche collaborative en faveur de l’élaboration d’une narratologie historique fondée sur les principes de la poétique historique d’Aleksandr Veselovskij.

Mots-clés : narratologie historique, poétique, Baxtin, Foucault, Lotman, Ricœur, Uspenskij, Veselovski

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Si nous regardions la narratologie française et la narratologie russe comme deux pôles, et la tension entre ces deux pôles comme contribuant à leur développement, cette tension dévoilerait des approches divergentes dans le domaine de la poétique.

La littérature française a donné lieu à une poétique classique et normative, liée de très près à la tradition et à des règles strictes en matière de création littéraire. Dans le contexte français, la destruction des normes, célébrée par la poétique déconstructiviste qui a tant fasciné Julia Kristeva ou Roland Barthes, est vue comme une évolution bénéfique. Mais la Russie et la culture russe ont tant souffert de destruction réelle que nous n’aimons pas entendre ce mot. Notre histoire est pleine de tourmentes révolutionnaires qui ont compromis toute possibilité de continuité.

À première vue, ceci peut sembler paradoxal : sur le fond de la discontinuité de notre développement culturel, la philologie russe a néanmoins donné naissance à la « poétique historique » d’Aleksandr N. Veselovskij (1838-1906), fondée sur le principe de continuité. La poétique historique a très tôt été éliminée par la critique littéraire soviétique, en raison de la ferveur révolutionnaire, mais qui a ensuite été renouvelée dans les années 1970-80. Depuis lors, elle a servi de fondement méthodologique à de nombreux travaux scientifiques en Russie. Pour nous « la poétique » marque le début de la recherche positive ; nous ne ressentons aucun besoin de déconstruction.

Ces circonstances expliquent pourquoi les travaux de narratologie en langue russe ont été conduits pendant de nombreuses années sous les appellations « poétique du récit » et « poétique de l’intrigue » (ou « théorie de l’intrigue »). Beaucoup de ces approches étaient considérées comme des domaines séparés, en particulier par l’un de nos principaux théoriciens, Natan D. Tamarčenko.

La narratologie française, structuraliste ou classique, des années 1960-70 (avec Barthes, Todorov, Genette, etc.) fut perçue en Russie comme une science particulière : la « grammaire du récit ». Ce n’est qu’au début des années 1980 et encore plus après 2000 que cette narratologie devint accessible en traduction pour la plupart des philologues russes, période à laquelle la narratologie structuraliste classique était déjà, en France, largement en voie d’extinction.

Lorsqu’elle se répandit en Russie, la narratologie française marqua la rencontre entre deux tendances nationales dans ce domaine.

Ce fut un intérêt réciproque. Au moment où la narratologie structuraliste française devenait largement accessible en traduction russe, apparut l’ouvrage de Paul Ricœur, Temps et Récit (1983-85), dans lequel la réflexion sur les fondements philosophiques de la narratologie prend ouvertement en compte les leçons de Baxtin, Propp, Todorov, Greimas, Bremond, Genette et Lotman.

On sait maintenant que la narratologie contemporaine est un champ de recherche plutôt homogène, présentant certes quelques particularités locales mais très peu de frontières nationales.

Il n’y a aucun fondement à qualifier la narratologie de science occidentale « étrangère ». Citons l’exemple bien connu de l’ouvrage de Wolf Schmid, Introduction à la narratologie, une sorte de manuel destiné aux narratologues débutants, initialement rédigé en russe et utilisant du matériau russe (2003 ; 2e édition, 2008), puis traduit par l’auteur en allemand et publié en 2005 (3e édition 2014), faisant ensuite l’objet d’une traduction anglaise en 2010.

En Russie, la convergence des intérêts se manifesta dans l’affiliation réciproque entre l’ « analyse du discours » (française) et la « poétique analytique » (russe), initiée partiellement par Baxtin dans l’essai intitulé « Les genres du discours » (1953)[1]. Dans cet article, Baxtin, pour qui à l’époque la langue russe n’offrait aucun équivalent du terme « discours », employa le mot “vyskazyvaniye”, au sens de « énoncé », afin de le distinguer de l’acception « syntagme » (predlozheniye) qu’attribuaient les linguistes à ce terme[2].

Aucun catalogue des techniques narratives, aucune grammaire de la narration ne couvre ce qui importe le plus en narratologie, à savoir le fait que toute forme de récit exprimé en paroles est un discours, un énoncé en tant qu’interaction entre deux êtres conscients, tous deux à la fois créateurs et récepteurs. Cette thèse, à l’évidence, contient la clé de la narratologie post-classique, laissant ainsi la proto-narratologie à la recherche en poétique de la narration.

Néanmoins, l’insistance sur la nature communicationnelle du récit (car raconter une histoire c’est nécessairement s’adresser à quelqu’un, à un narrataire, souvent implicite) n’est pas toute l’essence de la narratologie moderne. Le deuxième aspect fondamental, c’est l’événementialité[3]. La valeur scientifique de la narratologie provient de ce qu’elle a évolué en une doctrine anthropologique de la formation, du stockage (sous forme textuelle) et de la retransmission d’événements tels qu’expérimentés par les êtres humains en vertu de leur présence au monde.

En 1973 (il est raisonnable de penser que c’est suite à sa lecture du Discours du récit de Genette, publié un an plus tôt), Baxtin formulait dans son article sur le chronotope dans le roman, l’observation suivante :

On pourrait dire que nous avons, devant nous, deux événements : celui qui nous est raconté dans l’œuvre, et celui de la narration elle-même (et nous participons nous-mêmes à ce dernier, comme auditeurs-lecteurs). Ces événements se déroulent se déroulent à des moments différents (par leur durée, aussi) et à des lieux différents. Simultanément, ils sont inséparablement réunis dans un événement unique, mais compliqué, que nous pourrions désigner comme l’œuvre dans sa plénitude événementielle […] Si nous percevons cette plénitude dans son entité indivisible, nous comprenons en même temps tous ce qui différencie les éléments dont elle est constituée. (Bakhtine 1978 [1973] : 395)

Dans cette citation, le terme « événement », catégorie très tôt importante pour Baxtin, renvoie également à l’événement de discours tel qu’étudié dans « Les genres du discours ».

J’ai eu l’occasion de parler et d’écrire sur la profonde convergence conceptuelle entre la théorie de l’énonciation chez Baxtin et la réflexion totalement indépendante sur « le discours » par Michel Foucault dans Archéologie du Savoir (voir Tiupa 2015).

Un intérêt croissant pour les propriétés et stratégies de communication dans le récit a mené la narratologie russe contemporaine bien au-delà du cadre de la poétique. En outre, on constate que les écrits de Paul Ricœur jouissent d’une haute considération dans la recherche en narratologie, aussi bien française que russe. Dans l’ensemble, on peut affirmer que les initiatives de Baxtin et de Ricœur, indépendantes l’une de l’autre, pour étudier l’impact des problèmes philosophiques sur la théorie de la narration renforce le savoir humaniste tout en s’inscrivant dans les préoccupations de la culture russe.

L’innovation la plus importante, chez Ricœur, est sa notion de mise en intrigue et la tension produite entre le début et la fin d’un discours au regard des différentes issues possibles de ce discours. La mise en intrigue est fondée sur l’expérience réceptive-narrative du lecteur et se trouve ainsi, selon Ricœur, en état de formation perpétuelle. L’histoire, « pour devenir logique du récit, […] doit s’infléchir vers des configurations culturellement reconnues, vers ce schématisme du récit à l’œuvre dans les intrigues types reçues de la tradition. Par ce schématisme seul le faire devient racontable » (Ricœur 1984 : 68).

Il est remarquable que l’un des pionniers de la proto-narratologie russe, Veselovskij, s’est emparé de la catégorie « intrigue » (en russe, intriga) plus de cent ans avant Ricœur. Il a écrit en particulier sur la schématisation sous-jacente de la narrativité : « Les intrigues chez nos romanciers se réduisent à une courte liste, qui peut aisément se réduire à un nombre encore plus restreint de types généraux » (Veselovskij (2010 [1940] : 19).

Les recherches subséquentes sur le concept d’intrigue sont aujourd’hui centrales aux études en narratologie[4]. Comparant différentes théories de l’intrigue en narratologie classique et postclassique, Raphaël Baroni observe ceci : « Selon l’approche structuraliste, l’intrigue est un tout complet au sein duquel péripéties et dénouement sont mis en relation symétriquement, tandis que pour les narratologues postclassiques, […], l’intrigue est une expérience de lecture au cours de laquelle une tension se produit : péripéties et dénouement se présentent comme une succession d’étapes qui ponctuent la progression incertaine à travers les rebondissements de l’histoire » (Baroni 2010 : 211).

Chez les narratologues russes, la lecture dans ce sens est généralement nommée « intriga slova » (« l’intrigue du mot »). C’est une situation dans laquelle l’attention du lecteur est centrée sur les mots plutôt que sur les événements narrés ou sur les personnages. On trouve cette expression dans un recueil d’essais consacrés au roman de Boris Pasternak, Docteur Jivago (voir Tiupa, éd. 2014). À partir des œuvres en prose tardives de Tchékhov, l’intérêt du lecteur se tourne non seulement vers ce qui se passe ou ne se passe pas, mais aussi sur les mots employés à la fin de l’histoire. Ainsi, par exemple, la nouvelle « Christmas » de Nabokov, sur la profonde souffrance d’un père qui a enterré son fils, se conclut de manière surprenante avec le mot « bonheur ». Ce n’est pas une coïncidence.

Examiner de près le côté réception des pratiques narratives suscite un intérêt envers l’identité narrative du sujet autant qu’envers l’aspect éthique du récit. On observe ce développement dans un grand nombre d’études, entre eux Soi-même comme un autre (1990) de Ricœur ainsi que, plus récemment, Liesbeth Korthals Altes dans son Ethos and Narrative Interpretation : The Negotiation of Values in Fiction (2014).

Lorsqu’on considère l’éthos comme catégorie rhétorique (cf. Dubois et alii 1970, chap. VI ; Kortals Altes 2014), il faut prendre en compte le fait qu’éthos et intrigue sont liés. Si l’on suit Ricœur, on peut dire que les deux catégories caractérisent le discours narratif en tant qu’adresse à un narrataire. Il faut observer, cependant, que la tension générée par l’intrigue a tendance à affaiblir l’éthos de l’histoire tandis qu’une concentration sur l’épreuve morale d’un récit est susceptible d’éclipser l’intrigue.

Dans la recherche sur l’éthos narratif, considération importante dans les humanités russes, la culture française et sa forte dimension rhétorique exercent une influence notable. Fait significatif, la néo-rhétorique de Perelman et le « groupe μ » belge sont arrivés en Russie en même temps que la narratologie. Et le rôle de Gérard Genette et de son intérêt pour la rhétorique ne doit pas être sous-estimé non plus.

Parmi les préoccupations fondamentales de la narratologie russe, celle qui peut le mieux susciter l’intérêt des chercheurs occidentaux, c’est la narratologie historique, dont le précurseur fut Veselovskij avec sa « poétique historique ». Ce grand projet remonte à l’essai d’Olga Freidenberg, « The Origin of Narration » (1997 [1945]), et à celui de Yuri M. Lotman, « The Origin of the Plot in the Light of Typology » (1973 [1970]). Et d’autres tentatives d’ « historicisation » de la narratologie en Russie sont aujourd’hui en cours (voir Tiupa 2016).

Contrairement à la célèbre école du formalisme russe, qui a joué un rôle significatif dans la narratologie structuraliste classique, l’école russe de poétique historique, qui a récemment attiré l’attention des philologues allemands (voir Kemper et alii, éd. 2013), est pratiquement inconnue en France.

Les catégories narratives doivent être examinées non seulement dans la synchronie des structures narratives, mais aussi dans une perspective historique diachronique : genèse, évolution, fonctionnement des pratiques narratives au cours de périodes culturelles variées et successives. L’approche historique met en lumière la nature de la catégorie dans son étiologie anthropologique ainsi que la perspective d’une valence socioculturelle.

La question des stratégies narratives caractérisant les énonciations narratives du point de vue de leur intégration dans le discours et non pas comme un ensemble de « procédés » est particulièrement importante (voir Tiupa 2014 [2009]). Cette question est clairement liée au problème du genre. L’approche historique des stratégies du genre est tout à fait capable de réhabiliter le concept du genre sur des bases nouvelles et non normatives (voir Schaeffer 1989).

La narratologue autrichienne Monica Fludernik a eu de bonnes raisons pour signaler « l’abyssale inattention accordée par la narratologie à l’approche diachronique » et pour appeler en 2003 à « une percée » dans « le champ nouveau et passionnant de la recherche [historique – V.T.] » (Fludernik 2003 : 334 et 332). À ce jour, son appel n’a pas suscité de réaction notable, quoique plusieurs tentatives dans ce sens aient été faites, comme par exemple les travaux d’Irène J. F. de Jong (2014) consacrés au récit dans la Grèce antique, ou la monographie de Wolf Schmid, Mentale Ereignisse. Bewusstseinsveränderungen in europäischen Erzählwerken vom Mittelalter bis zur Moderne (2017, traduction russe à paraître).

La construction de la narratologie historique – plus fondamentale que l’ « approche diachronique » des pratiques narratives récemment apparue dans les recherches occidentales – est un projet ambitieux, requérant un travail intense. Le chemin vers cet objectif semble s’étendre au-delà de notre horizon actuel, mais reste un terrain fertile pour la recherche collaborative.

Traduit de l’anglais par Nelly Valtat Comet

Bibliographie

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Valery I. Tiupa

Candidat en sciences philologiques (Université d’État de Moscou, 1974) et Docteur ès philologie (Université d’État de Moscou, 1992). Il a enseigné aux universités de Samara, Lvov, Kemerovo (où il a fondé le Département de théorie littéraire en 1980) et Novosibirsk. Il a été stagiaire à la Sorbonne, et il a enseigné en Pologne et en Allemagne. Depuis 1998 il est professeur à l’Université des Sciences Humaines à Moscou, où il est chef du Département de poétique théorique et historique. Ses intérêts scientifiques, en plus de la narratologie, couvrent la théorie littéraire générale, l’analyse du texte littéraire, les études comparées, Pouchkine et Tchekhov. Il est rédacteur-en-chef de la revue Novyj filologicheskij vestnik et co-rédacteur de la revue internationale en ligne Narratorium. Auteur de nombreux articles et de plusieurs livres, parmi lesquels L’introduction à la narratologie comparée (en russe, 2016) et Lectures sur la narratologie non-classique (en russe, 2018). Il est directeur de plus de quinze ouvrages collectifs, parmi lesquels Narratologie et études comparées (en russe, 2015).

[1] Voir aussi « Le problème du texte dans les domaines de la linguistique, de la philologie, des sciences humaines. Essai d’une analyse philosophique » (1959-60). Ces deux essais sont dans Bakhtine [Baxtin] (1984 [1979]).

[2] Quant au terme « métalinguistique » employé par Baxtin dans son essai pour désigner cette théorie, terme apparemment inconnu des linguistes russes à l’époque, il fut emprunté par Baxtin à Whorf (1952).

[3] Selon Schmid (2003), la narratologie contemporaine est fondée sur le concept de la narrativité comme événementialité.

[4] Pour une vue d’ensemble, voir Kukkonen (2014).