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Créé en février 2003 et officiellement reconnu depuis la rentrée universitaire de 2006, le séminaire « Recherches contemporaines en narratologie  » s’est rapidement imposé en France comme l’un des principaux lieux de réflexion transdisciplinaire pour l’étude de la théorie narrative. Né dans le contexte intellectuel du renouveau de la discipline dans les années 90 au niveau international, notamment en Allemagne, dans les pays nordiques, aux États-Unis et au Canada ou en Israël, le séminaire s’oriente désormais vers l’exploration du récit sous toutes ses formes.. Lire la suite.


Séminaire « Recherches contemporaines en narratologie » : année universitaire 2024-2025 –

Héros/Héroïnes. Pouvoir(s) d’agir

Le séminaire se réunit tous les quinze jours, les 1er, 3e et 5e mardi du mois, de 16h à 18h
École Normale Supérieure, 45, rue d’Ulm – 75005 Paris, Salle Celan –  Site du séminaire : http://narratologie.ehess.fr/

Le séminaire se déroulera en mode hybride (présentiel + distanciel).

Co-organisateurs du séminaire : Olivier Caïra (IUT Evry et EHESS), Thomas Conrad (ENS, Paris), Anne Duprat (Université de Picardie-Jules Vernes/IUF), Anaïs Goudmand (Sorbonne Université), John Pier (Université de Tours et CRAL), Philippe Roussin (CRAL/CNRS).


Programme des séances

Mardi 1er octobre 2024

Thomas Conrad (ENS, Paris) « Introduction » et Jennifer Tamas (Rutgers University) – « Héroïne ou Victime ? Regards narratologiques de Perrault à Breillat sur la femme de Barbe Bleue ».


Mardi 15 octobre 2024

Florence Dupont (Université Paris Cité) – « Héraklès, Alexandre, César et les autres »


Mardi 5 novembre 2024

Olivier Caïra (IUT Evry et EHESS) – « Génies et surdoués à l’écran : comment l’intelligence extrême transforme la notion d’héroïsme »


Mardi 19 novembre 2024

Jacques-David Ebguy (Université Paris Cité) – « Les héros de la vie moderne. Héroïsme et roman balzacien »


Mardi 3 décembre 2024

Hélène Sellier (Université Toulouse II Paul Sabatier) – « Héroïsmes au féminin dans les jeux vidéo et agentivité de la joueuse »


Mardi 17 décembre 2024

Anne Duprat (Université Picardie-Jules Verne/IUF) – « L’héroïsme est-il personnel? l’individuel et le collectif dans la constitution du personnage littéraire (XVIe-XIXe siècles) »


Mardi 21 janvier 2025

Cao Danhong (Nanjing University, Chine) – « La narratologie ‘chinoise’ au carrefour de deux traditions »


Mardi 4 février 2025

Simon Bréan (Université Sorbonne Nouvelle) – « Jouer au héros : mises en scène contemporaines du devenir héroïque »


Mardi 4 mars 2025

Sabine Chalvon Demersay (CNRS et EHESS) – « Le héros de série télévisée et son étrange nature »


Mardi 18 mars 2025

Sarah Mallah (Université Gustave Eiffel) – « Infra-héroïsme, hyper-héroïsme : quand la science-fiction joue avec ses codes »


Mardi 1er avril 2025

Benoît Hennaut (École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre – Bruxelles) -« Des héros et des mythes « affaiblis » : retour sur les fondements radicaux du théâtre de Romeo Castellucci dans les années 1990 »


Mardi 29 avril 2025

John Pier (Université de Tours et CRAL) – Titre à communiquer


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Présentation du thème de l’année

Héros/Héroïnes. Pouvoir(s) d’agir

En mettant cette année l’héroïsme au centre de nos réflexions, nous partageons la conviction que le terme a aujourd’hui une actualité et une vitalité dans tous les secteurs de la création narrative, contrairement à ce que le motif de la “fin de l’héroïsme” pourrait laisser penser. De quoi justifier de porter sur la notion un regard narratologique – à la fois formel, historique, et critique, puisque les héros et héroïnes sont le lieu où le récit articule les événements et les valeurs, la capacité à agir de certains personnages exceptionnels et leurs raisons d’agir renvoyant à des normes communes.

Assurément, l’héroïsme est omniprésent dans la culture médiatique contemporaine, sous la figure omniprésente du super-héros ou sous celles des protagonistes héroïques des fictions de genre (fantasy, roman policier, science-fiction, etc.). Une telle prolifération héroïque ne manque certes pas d’interroger la définition même de la notion : que ce soit par la promotion récente d’une plus grande diversité d’identités de race et de genre, avec notamment une féminisation spectaculaire du personnel héroïque ; ou par les variations autour des anti-héros, des héros involontaires, des groupes de héros ; ou encore par l’exploration transfictionnelle de leur personnalité (versions alternatives, origin stories).

Ailleurs, et jusque dans les formes les plus savantes des récits, est-il possible d’échapper tout à fait à l’héroïsme ? Le personnage est un foyer de notre attention aux récits, et sa mise en relief héroïsante est un vecteur puissant de captation de notre intérêt par la sympathie et l’admiration. La littérature ne cesse décidément de rejouer le « thème du traître et du héros » cher à Borges, même sous les formes discrètes du réalisme et de la médiocrité. L’héroïsme reste un horizon de notre lecture – et cela en contradiction parfois flagrante avec nos convictions démocratiques et égalitaires. Il faudra analyser avec lucidité cette tension, que les récits peuvent mettre au jour, mais aussi dissimuler, à moins encore qu’ils ne la résolvent dans des figures de “héros ordinaire”.

L’héroïsme est en effet un objet mouvant, intrinsèquement lié à un contexte culturel et historique qui en transforment la valeur et le sens, au fil de redéfinitions, de déplacements et de créations incessantes.  Dans cette perspective, on s’intéressera à l’émergence de nouvelles figures héroïques, aux processus par lesquels un nouveau type d’héroïsme apparaît et s’impose, bien souvent d’abord comme une figure anti-héroïque – dérisoire, ou marginale, ou immorale, ou triviale… La réinvention perpétuelle au cours de l’histoire des héroïsmes féminins, et leur opposition aux héroïsmes virils selon des modalités toujours renouvelées, sera à ce titre particulièrement intéressante.

À travers cette question de l’héroïsme, c’est la notion de personnage qui sera en ligne de mire. La théorie narrative a souvent subordonné le personnage à l’intrigue, en l’identifiant comme le sujet d’une quête (Propp, Greimas) ou comme le héros d’un « monomythe » (Campbell). On choisira plutôt de voir le personnage comme le sujet et la source de son action, en lui rendant sa capacité à agir (agency), qui permet son évaluation morale. Que peut le héros ? Dans quelle mesure sa capacité à agir est-elle limitée, ou entrelacée à celle des autres personnages ? Ce sont les formes narratives qui peuvent mettre en évidence les héroïsmes inaccomplis, virtuels, silencieux, ou les héroïsmes collectifs d’un groupe ou d’une communauté. Le récit est ainsi le lieu où le pouvoir d’agir du héros est mis en question, contextualisé, renvoyé à un tissu de circonstances, de causes, d’intentions et de conséquences imprévues, parmi lesquelles se jouent – ou se perdent – les valeurs que le récit prétend promouvoir.


Heroes / Heroines: Power(s) to Act

By placing heroism at the center of our debates this year, we are convinced that, contrary to what the motif of the “end of the “heroism” might suggest, heroism today is relevant and vital in all areas of narrative creation. This calls for taking a narratological look at the notion in its formal, historical, and critical dimensions.

Heroism is omnipresent in contemporary media culture where several phenomena come together to blur its stereotypical definitions, due in particular to the diversification of racial and gender identities and to the proliferation of critical variants (anti-heroes, involuntary heroes, groups of heroes, etc.).

Is it possible, even in the most learned forms of stories, to completely escape heroism? Even in the disguised forms of realism and of everyday mediocrity, literature does not easily shake itself free of the heroization of characters, a powerful vector for capturing our interest through sympathy and admiration.

What role devolves to heroes and heroines in various genres and media today? How has heroism reinvented itself over the ages in different cultural and historical contexts? What does this persistence, or this evolution, of heroes and heroines say about our democratic and egalitarian values? To what extent do the forms of heroic stories remain anchored to the pattern of quest? Do they change in order to accommodate new types of heroes, new types of heroines? Is a story an illustration of the hero’s “superpower”, his extraordinary power to act? Or does it serve to reveal the limits of this power?

This year’s seminar will address these and related questions through the narratological approach place in its historical and transmedial contexts.